Enceinte, j’ai détesté comment la société m’a rappelé qu’en tant que femme, j’étais soumise (pas tout le monde, ne commencez pas à hurler que vous non, vous n’avez jamais ça).
« On » me disait ce que j’avais le droit de manger ou de boire, « on » me disait comment je devais me comporter ou ce que je devais penser, « on » touchait mon corps sans me demander l’autorisation, « on » a même choisi pour moi quand je devais accoucher. Et plus j’avançais dans ma grossesse, plus je prenais conscience de ces injonctions, et plus ce que je vivais à l’intérieur entrait en contradiction. Moi, ce que je vivais du dedans, c’était de la puissance, animale, c’était une pulsion, un truc vivant qui disait : « eh oh meuf, je suis là » et ce truc là, c’était mon féminin.
Je suis une femme depuis que je suis née (peut-être même depuis un peu avant aussi), je n’ai jamais eu de doute à ce sujet et j’ai toujours trouvé mon genre confortable. Par contre, mon féminin, c’est une rencontre bien plus récente. Mon énergie, c’est celle du masculin. J’ai d’ailleurs longtemps intériorisé le sexisme ordinaire de notre société patriarcale. Au lieu de lutter contre, la solution la moins couteuse, pour moi, c’était de faire alliance. J’ai donc fait alliance avec les hommes, avec leur énergie, avec leurs codes. Physiquement, aucun doute, j’ai les cheveux très longs, des formes (ça veut dire des gros seins et des hanches larges), je me maquille… tous les marqueurs sont là mais à l’intérieur, c’était une mâle. Une forme un peu bourrine de moi, très conquérante.
Et puis donc la grossesse et avec elle, j’ai senti des milliers d’années de vies de femmes venir me chatouiller le ventre, comme pour me rappeler à quel clan j’appartenais, comme pour m’aider à trouver ma place dans cette grande lignée universelle de la femme. La Femme.
La vie étant plutôt sacrément bien foutue, depuis que je chemine à la rencontre de mon féminin, j’ai été rejointe par une multitude de femmes qui, elles aussi, se demandent où est la femme en elles. Cet été, je suis partie avec certaines d’entre elles, comme en vacances, comme lors d’une fugue, à la quête de nous.
Durant 5 jours, nous nous sommes écoutées, nous avons partagé, nous avons joué avec nos énergies jusqu’à nous connecter à ce truc dedans, ce feu de vie qui recentre, qui donne l’aplomb et l’élan d’absolument tout réussir, juste parce que nous l’avons décidé. Je suis rentrée infiniment reconnaissante envers ces femmes de m’avoir accompagnée dans cette expérience, émerveillée par ce cadeau que me faisait la vie et impatiente de poursuivre ce chemin du féminin, entre sœurs, dans la confiance et la bienveillance, l’écoute de soi et le partage.
Bref, je suis au taquet et à la question « où sont les femmes ? », j’ai juste envie de répondre « on est là, on arrive ».
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