La table est presque prête. Trois nappes blanches, trois bougies neuves, le pain calendal, les treize desserts.

Chez moi, on fête un Noël traditionnel, sur les traces de Frédéric Mistral et de mon grand-père, pour qui la poésie provençale était si importante. Loin du vaste habituel, le repas de ce soir sera maigre, composé de légumes d’hiver et de poissons. Ni chapon ni bûche. Juste un peu de Provence, cuisinée et mise sur la table.

Comme tous les ans, chacun racontera un petit bout de cette tradition, en provençal. On regardera ma grand-mère, désormais chef de meute, exécuter les gestes traditionnels qui vont protéger la famille durant l’année à venir. Du plus jeune au plus vieux, on fera trois fois le tour de la maison, une branche d’arbre fruitier à la main.

Et puis on criera :

Alègre ! Alègre !
Mi bèus enfant, Diéu nous alègre !
Emé Calèndo, tout bèn vèn :
Diéu nous fague la gràci de vèire l’an que vèn,
E se noun sian pas mai, que noun fuguen pas mens !

Alors ce soir, j’aurais le coeur lourd en pensant aux absents, ces gens que j’aime et qui sont partis, qui font que Noël ne sera plus jamais la même. Mais ce soir, je vais faire découvrir mon noël en Provence à ma fille. Lui transmettre ce petit bout de terroir que mon grand-père a transmis à mes parents et que mes parents m’ont transmis.

Je vous souhaite à tous d’avoir des choses à transmettre à vos enfants.

Joyeux Noël.

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