Jeudi, j’ai fait découvrir la Crau à ma fille.
S’il y a une chose à savoir sur moi, c’est que j’ai la Provence dans le sang.
A 7 ans, je gagnais le premier prix des enfants de Provence avec un texte en lengo nostro sur l’aiòli, à 15 ans, je prenais fièrement le ruban aux Saintes Maries de la Mer et à 30 ans, je disais oui à mon cher et tendre en costume traditionnel provençal, au son des prières traditionnelles. Bref, je suis provençale.
Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds en Crau, je vous résume. La Crau, c’est cette steppe immense, coincée entre Arles, Salon de Provence et Fos-sur-Mer. Un mer de cailloux, vestige d’un temps où la Durance passait par là, qui s’étend sur près de 600 km2 dont une centaine reste intacte. Depuis qu’Adam de Craponne a mis en place son canal, on distingue deux Crau : la Crau sèche et la Crau humide. On y retrouve des moutons, les mérinos d’Arles et on y cultive le fameux foin de Crau, AOC.
Je m’arrête là pour le cours théorique, internet regorge de sources si le sujet vous intéresse.
Jeudi, donc, j’étais en Crau et il faisait moins quarante, environ.
L’enfant chérie emmitouflée contre moi, nous avons arpenté la plaine de galet, lutté contre le mistral et ramassé du quinoa sauvage.
Après une matinée de marche, nous nous sommes installés en famille, à l’abri d’une bergerie pour partager une délicieuse tarte à l’oignon dont je vous partagerais la recette si vous êtes sages.
A ce moment précis, un sentiment puissant de plénitude m’a envahi, sentiment que connaissent ceux qui se sont un jour sentis chez eux quelque part.
La Crau, c’est chez moi. Et même si elle peut sembler inhospitalière pour ceux qui ne savent pas la regarder, à moi, elle me prend la main et me dit que tout va bien. Je vous souhaite à tous d’avoir un chez-vous, un lieu ressource qui peut sembler complexe, froid et aride, pluvieux et humide, trop ensoleillé, trop gris. Un lieu trop ou pas assez qui peut rebuter les étrangers mais qui est chez-vous et qui vous fait du bien.
Bon dimanche.