Viens on ne crame (pas) des mecs


Disclaimer : Les copines, merci de ne pas me cramer pour trahison. Je vous aime mais j’aime la paix plus encore.

Cet article est difficile à écrire, probablement parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus intime en moi : le fait d’être une femme.

Je ne sais pas bien à quel moment le féminisme a commencé à faire sens pour moi. Ou même si je peux parler d’un féminisme, absolu. Mon féminisme à moi a évolué, avec moi. 

Gamine

Je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas le droit de me mettre torse-nu dans la cour article-2641913-1E47190F00000578-373_634x439de l’école pour jouer au foot comme les garçons, ni pourquoi on me disait que les filles ne devaient pas se battre, c’était pas joli. Je trouvais ça profondément injuste et cette injustice m’avait conduite à organiser une rébellion dans la classe de Madame Cambouris, ma merveilleuse instit’ de CE2, à base de “les filles, torse-nu !!!”. Ma rébellion avait échoué puisque j’étais la seule à avoir osé et j’avais gagné une punition. Le fail.

Notons que si Scout Willis avait été dans ma classe, je me serais sentie moins seule…

 

Ado

La question du féminisme s’est articulée autour de deux points-clés à mon adolescence.

En premier, la sexualité

Le fameux “un mec qui couche avec plein de filles est un Don Juan alors qu’une fille qui couche avec plein de mecs est une salope”… concept totalement insupportable pour moi à l’époque.

En second, le droit de sortie me posait problème, question, rébellion

Puisque mes frères, de trois ans mes cadets, avaient bien plus de liberté que moi. A mes revendications de justice, la réponse parentale s’était révélée sans appel : ce sont des garçons.

Adulte

C’est en arrivant aux portes de l’adulterie (comment ça, ce mot n’existe pas ?) que la question d’être féministe s’est réellement posée.

J’ai d’abord commencé par m’en défaire, arguant que “les féministes” étaient extrêmes et violentes. De vous à moi, c’était complètement con car il y a autant de féministes que de femmes et réduire la cause aux comportements de certaines était assez idiot de ma part, je l’admets. De fait, je ne me reconnaissais pas dans la virulence des prises de positions et les hommes de mon entourage ne ressemblaient pas à ces monstres d’égoïsme qu’internet me montrait. Malgré tout, j’avais bien conscience de certaines inégalités. Je me suis alors attachée à la définition du féminisme plus qu’aux figures qui portaient le combat et j’ai enfin pu me dire féministe en ce sens que militant pour l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les hommes et les femmes.

Enceinte

Et puis je suis tombée enceinte. Et là, j’ai compris qu’il ne suffisait pas de revendiquer un salaire équivalent ou la liberté de choisir ses partenaires sexuels. Il s’agissait de parvenir à une réelle égalité entre les hommes et les femmes, à un respect mutuel afin de co-construire une société plus belle. Non, je ne prends pas drogue.

Je n’avais jamais compris ça avant, même quand on me mettait la main au cul dans la rue, qu’on me traitait de pute pour avoir refusé une pipe ou qu’on me faisait moins confiance professionnellement.

Au fond de mon ventre, j’ai senti le poids de dizaine et de dizaine de générations de femmes qui avaient été niées.

Je ne vous cache pas que ça m’a mise très en colère et que mes prises de position sont montées d’un cran dans la virulence.

Sauf qu’un jour je me suis vue valider ce gif.

tenor

Et je me suis demandée si j’avais vraiment envie de cramer des mecs. Si la libération de la femme devait nécessairement passer par une certaine violence à l’égard des hommes. Si nous devions nous faire la guerre, prendre de force un espace de parole, faire taire et exclure les hommes de certains sujets, arracher notre liberté à mains nues, sans tenir compte des dommages. Je ne crois pas. Je ne veux pas.

Je n’ai pas envie de cette guerre, pas envie que ma liberté se fasse au détriment de celle de mon mari.

Je rêve plutôt d’un chemin parcouru ensemble vers une égalité totale car l’inégalité n’est pas à sens unique. En tant que femme, j’ai aussi conscience de mes privilèges et de la difficulté qu’il peut y avoir à être un homme en 2017.

Aucun jugement de ma part

A l’égard de toutes mes copines qui usent et abusent de ce gif (assez rigolo, j’en conviens), celles qui ont besoin de faire taire pour pouvoir s’exprimer, celles qui sont en colère. J’espère juste que nous aurons la force de dépasser l’injustice pour nous libérer dans la paix.

Parce que je ne crois pas à la haine de l’autre. Parce que je préfère l’exemple de Mandela à celui de Malcom X.

Et toi ? Tu crames des mecs ou tu libères les femmes  ?

Liens intéressants

Scout Willis shocked Twitter followers on Tuesday when she posted images of herself roaming New York City with no top on. (67kB)